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Derrière le sourire : briser le silence sur la santé mentale, la stigmatisation et le masque

Par Martine Thivierge-Bournival

« Ça va ? »« Oui, oui… ça va. »

On entend ça tous les jours. Des dizaines de fois. Mais combien de fois est-ce vraiment vrai ?


Alors qu’on entre dans la Semaine de la santé mentale (du 5 au 11 mai 2025), j’ai envie de prendre un moment. Pas en tant que professionnelle, directrice, entrepreneure, mais en tant qu’humain. En tant que femme, maman, épouse, fille, collègue, amie. Une personne qui sait ce que ça fait de sourire alors qu’à l’intérieur, c’est la tempête. De tout donner pour les autres alors qu’on se sent soi-même à bout de souffle. De porter un masque qui finit par peser lourd. Très lourd.



Woman who has a facial expression representing suffering and who is holding a white mask that is smiling.

C’est quoi, « porter un masque »?

C’est faire semblant. C’est cacher notre fatigue, notre anxiété, notre tristesse. C’est répondre « tout va bien » parce que c’est plus simple, ou parce qu’on a peur de déranger. Ça peut passer par un excès de préparation, un besoin de performance constant, un sourire automatique, une énergie qu’on force… alors qu’on est vidé·e.


Pour beaucoup d’entre nous—surtout celles et ceux qui vivent avec le TDAH, l’anxiété, la dépression, ou d’autres traits neurodivergents—le masque devient un réflexe. On le fait pour ne pas se faire juger. Pour se fondre dans le moule. Parce que le monde nous a appris que montrer sa vulnérabilité, c’était mal vu.


Mais c'est épuisant!


Porter un masque, ce n'est pas facile. Ça nous éloigne des autres. Et trop souvent, ça retarde l’aide qu’on aurait vraiment besoin de recevoir.


De mon côté : le prix du masque

Pendant des années, j’ai rempli mes rôles à fond : j’ai enseigné, dirigé, accompagné, organisé. J’étais là pour tout le monde. Sauf que derrière la porte fermée, je n’étais plus que l’ombre de moi-même. Fatiguée physiquement, mentalement, émotionnellement.

J’ai porté le masque dans des réunions, en pleine maladie, pendant des périodes de stress intense. Parce que je croyais que je n’avais pas le droit de flancher. Que je devais être « plus que correcte », que je devais être « forte », surtout si je voulais être là pour les autres.


Mais un jour (ou plutôt plusieurs fois), le masque est devenu trop lourd. Et j’ai craqué ... j'étais brûlée. Je me suis brûlée ... Et c’est là que j’ai compris (pour être honnête, je n'ai pas compris exactement tout de suite ...) : il ne fallait pas que je sois « plus forte »… il fallait que je sois plus vraie. Avec moi-même. Avec les gens autour de moi. Avec ma communauté.


La stigmatisation qui nous fait taire

Ce n’est pas juste les clichés ou les phrases maladroites. C’est aussi tous les petits messages silencieux qui nous disent :


  • « Tu devrais être capable de gérer ça. »

  • « Ne parle pas de ton diagnostic, les gens vont te voir autrement. »

  • « T’es trop sensible. Faut que tu sois plus solide. »

  • « Si tu demandes des mesures d'adaptation, tu vas avoir l’air incompétent·e. »


Ce genre de discours, ça nous fait mal. Ça nous enferme. Ça nous isole. Et ça nous empêche de dire : « J’ai besoin d’aide. »


Mais la santé mentale, c’est de la santé. Point final.


Et être humain·e, ce n’est pas une faiblesse. C’est une réalité.


Ce qu’il faut changer

Il faut oser en parler. Vraiment. Avec honnêteté et respect.


Il faut normaliser le fait de ne pas aller bien.


Comprendre que la force, ce n’est pas toujours ce qu’on croit. Elle peut ressembler à :

  • Dire qu’on a besoin d’aide.

  • Dire « non » pour se protéger.

  • Partager son histoire.

  • Prendre une pause, même quand la charge mentale déborde.

  • Demander des ajustements sans s’excuser.


Il faut passer de « Qu’est-ce qui ne va pas chez toi ? » à « Qu’est-ce que tu as vécu ? », et de « Comment on va te réparer ? » à « Comment peut-on t’appuyer, t’inclure et t’accompagner ? »


Je le vois tous les jours dans mon travail : la réussite passe par le bien-être. Par le fait de se sentir vu·e, entendu·e, accepté·e. Et de pouvoir être soi, sans masque.


Semaine de la santé mentale : on laisse tomber le masque ?

Cette semaine est l’occasion parfaite pour ralentir, réfléchir, et réaligner nos priorités. Pour créer une culture de bienveillance, d’écoute et d’inclusion.


Je vous invite à consulter la trousse à outils de l’Association canadienne pour la santé mentale (ACSM) disponible à cette adresse : https://cmha.ca/fr/semaine-sante-mentale/trousse-a-outils/


Ce n’est pas une pub. C’est une ressource précieuse, accessible. Une façon de trouver du soutien, de l’information, ou simplement un peu de lumière.


Que vous soyez étudiant·e, parent, travailleur·euse ou juste quelqu’un qui essaie de passer au travers : votre santé mentale compte. Votre histoire compte. Vous, vous comptez! Toi, tu comptes!


Avant de conclure…

À toi qui portes encore ton masque, parce que ça te semble plus simple, plus sécuritaire… Je te vois. J’ai été là. Je suis encore là, parfois. Et je veux te dire ceci : Il y a de la force dans ta douceur. Il y a du courage dans ta vulnérabilité. Et il y a de la guérison dans ton authenticité.


Continuons de parler. D’écouter. Et de se libérer—ensemble.

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